Je vous propose de regarder les 2 volets de ARTE
1ère partie : La Volupté de la destruction (1840-1914)
2ème partie : La Mémoire des vaincus (1911-1945)
Du manifeste fondateur de Proudhon (1840) à la chute de Barcelone (1939), cette fresque documentaire fait revivre la richesse foisonnante d’un mouvement multiforme, montrant combien l’anarchisme continue d’irriguer tout le champ des luttes sociales et politiques. Premier volet : La volupté de la destruction (1840-1914).
Pourquoi l’anarchisme est-il perçu aujourd’hui comme marginal ? Comment expliquer que, alors que ses combats et ses mots d’ordre libertaires et égalitaires ont largement contribué à écrire l’histoire des luttes sociales et des révolutions, et qu’ils résonnent aujourd’hui avec une force nouvelle, ses origines aient été à ce point oubliées ? Cette passionnante fresque documentaire, qui retrace pour la première fois les débats et les événements clés de l’histoire de l’anarchisme sur un siècle, de 1840 à la Seconde Guerre mondiale, élucide en partie le paradoxe. D’une part, les pouvoirs que les anarchistes ont toujours défiés, parfois la bombe à la main, sont largement parvenus, par la répression et la propagande, à museler ou discréditer leur pensée. D’autre part, la diversité étonnante d’un mouvement d’envergure mondiale, mais qui a refusé avec constance tout embrigadement derrière un chef ou une doctrine, a contribué à occulter, dans la mémoire collective, son rôle pionnier dans les conquêtes sociales, de la journée de huit heures à l’émancipation des femmes. De Paris à Chicago, de Tokyo à Mexico, de Saint-Pétersbourg à Barcelone, Tancrède Ramonet redonne vie à cette richesse foisonnante, à travers l’évocation de ses principales figures, le récit d’une dizaine de spécialistes et à de très belles archives.
1. La volupté de la destruction (1840-1914)
Qu’est-ce que la propriété ? C’est avec ce manifeste fondateur qu’en 1840 l’ouvrier typographe Pierre-Joseph Proudhon jette les bases d’une solution anarchiste à la misère terrible qui se développe depuis le début du siècle dans les grands bassins industriels. En 1864, lors du Congrès de la Ière Internationale des travailleurs à Londres, les anarchistes sont largement majoritaires. Bakounine voit dans la dictature du prolétariat proposée par Marx « la menace d’une effrayante bureaucratie rouge ». De la Commune de Paris, en 1871, à la grève générale de 1906, de l’émergence des Bourses du travail à celle des grandes organisations syndicales, des premiers votes féminins aux communautés de vie alternative, de l’éducation populaire à la mise en place d’écoles libertaires, le mouvement anarchiste suscite des expériences révolutionnaires inédites et se révèle l’un des principaux promoteurs des grandes avancées sociales. De Ravachol à Bonnot, de l’assassinat de Sadi Carnot (1894) à celui d’Umberto Ier d’Italie (1900), ce premier épisode rappelle aussi que la « propagande par le fait » que choisissent certains anarchistes inaugure un terrorisme international qui cible avec succès les sommets de l’État, mais contirbue à forger sa légende noire.
Documentaire de Tancrède Ramonet (France, 2013, 1h12mn) ARTE F
source : http://alexandrelecouillard.fr/ni-dieu-ni-maitre-une-histoire-de-lanarchisme-12-et-22-arte/